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Les concours nationaux de jadis

Une fête de trois journées

Les concours nationaux de jadis se déroulèrent en un premier temps au Cinquantenaire à Bruxelles et à la veille de la seconde guerre mondiale dans les palais du Heysel, faisaient figure de fêtes nationales. Jusqu'aux années soixantes ils furent organisés en été, au mois de juin.
Les opérations de sélection s'étendaient sur trois jours. Le dimanche, dernière journée de la manifestation, se déroulait l'apothéose de la manifestation devant une foule immense: des trams spéciaux au départ de toutes les gares du pays avaient été mis en marche pour la circonstance.

De grand matin avaient lieu les divers championnats, les plus spectaculaires étant ceux des étalons. Chaque candidat au titre, escorté par ses propriétaires et ses trotteurs tout de blanc-vêtus et armés de longues chambrières, exécutait une entrée de grand style. Déjà certains d'entre eux, qui comptaient des supporters dans le public, se faisaient acclamer. Ces puissants et nobles étalons, arrogants et orgueilleux, étaient d'abord rangés en bataille au centre de la piste tandis que les membres du jury, dont la mission était aussi compliquée qu'ingrate, se livraient à un exa men attentif de chaque postulant à l'arrêt. Ensuite chacun d'entre eux se présentait à l'arrêt, au pas et au trot devant le tribunal, le trot était scandé par les accents martiaux de marches militaires belges par la Gendarmerie et les Iier Lanciers Guides. Ah... que c'était beau!

Lorsque, après une longue délibération qui avait lieu dans une tension, un stress croissants, le président désignait brusquement le champion d'un large mouvement de la main, le public éclatait en cris, en applaudissements et parfois aussi en huées lesquelles émanaient de supporters déçus par l'échec de leur favori. Et tandis que les dauphins quittaient l'arène en caracolant du fait des clameurs qui montaient toujours des gradins, l'étalon champion trottait avec fougue, puissance, majesté tout au long de la piste d'or. Vision exceptionnelle que celle de ce superbe mâle, soumis à l'homme dans sa force herculéenne, au trot cadencé et énergique, hennissant d'excitation, exécutant, dans l'éclat de la musique militaire et sous les ovations , une merveilleuse démonstration de sa noblesse et de sa beauté devant tout ce que la Belgique comptait comme amis du cheval.

Après les divers championnats venait la catégorie des lots de quatre juments appartenant au même propriétaire. Interminablement les superbes quadriges, composés de juments absolument semblables, harnachées et toilettées d'identique façon ce qui ne faisait que renforcer l'impression d'homogénéité recherchée en l'occurrence, se présentaient à l'arrêt, au pas et au trot devant le jury. Je conserve le souvenir des lots des Simoens, Bayot, Ronsomme, Roppe avec toujours des baies de gravure, chez le gros trait et de ceux des Gauthier, Lemaire et Dumont chez les ardennais.

Enfin l'après -midi, en présence de S.M. le Roi, devant la toute grande foule - on refusait des entrées car le palais cinq était plus que comble - avait lieu le défilé final avec tous les chevaux primés. Comme clou du spectacle, on admirait la présentation en ligne de vingt juments ardennaises appartenant au même propriétaire. Le sol tremblait sous cette charge impressionnante encadrée par une armée de trotteurs tandis que les accents des trompettes de cavalerie résonnaient à tous les échos et que le public applaudissait à tout rompre!

Un engouement extraordinaire

Les concours nationaux d'autrefois suscitaient un engouement extraordinaire. Des trains spéciaux en provenance de tous les coins de Belgique amenaient chevaux et propriétaires en gare d'Etterbeek. Vers cinq heures du matin avait lieu le débarquement général devant une foule d'amateurs. Ensuite dans une profonde rumeur faite du martèlement de milliers de sabots ferrés, de hennissements énervés, de cris, de claquements de fouet, se déroulait un impressionnant défilé en direction du Cinquantenaire par les avenues de Tervueren et de la Renaissance.

Les étalons champions étaient aussi célèbres, même chez les citadins, que le sont les stars de cinéma, les footballeurs et les chanteurs de variétés aujourd'hui. Non seulement la presse agricole, mais aussi la grande presse, publiait des reportages et les photos des chevaux primés.

La plus grande écurie de Belgique

Pendant toute la durée du concours les chevaux étaient logés dans des écuries provisoires situées près du palais 5 du Heisel. Que d'heures fabuleuses ai-je passées dans la tiédeur des stalles et des boxes, dans le parfum capiteux de l'avoine, de la luzerne, de la paille, du foin et du trèfle en me promenant dans la plus grande écurie de Belgique. Les chevaux étaient placés sous la garde de "varlets" qui passaient la nuit à côté d'eux, dormant dans la paille. De temps en temps une palissade était fracassée sous un coup de pied énervé; parfois un cheval se détachait et allait rendre visite à un voisin, ce qui créait de l'agitation dans tout le secteur. Mais grâce à l'intervention rapide des palefreniers, le calme était rapidement rétabli. Le calme était promptement rétabli et l'aventurier, sèchement gourmandé, était reconduit à son logement.

Texte: Pierre Wolfs et Lutgarde De Greeff - Photos: Antoine Hallet

Concours national au Heysel

Rapport Concours National 1924 dans "Le Patriote Illustré"

Affiche

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